Dès sa prise de fonctions au Quai d’Orsay en mai 2012, Laurent Fabius fait de la « diplomatie économique » la priorité de la diplomatie française afin de contribuer au redressement économique du pays. A cet effet, il développe un certain nombre de concepts et d’actions tout en reprenant la conduite du commerce extérieur et du tourisme. Ses successeurs immédiats reprennent à leur compte ce concept. A l’occasion de la semaine des ambassadeurs d’août 2017, Emmanuel Macron et Jean-Yves Le Drian endossent le projet en le conceptualisant et en l’approfondissant. Désormais, les diplomates (à l’administration centrale et à l’étranger) seront jugés à l’aune des résultats concrets qui leur sont fixés. Si on y regarde de plus près, ce nouveau paradigme de la diplomatie française ignore le passé, les diplomates ayant toujours prêté une grande attention aux affaires économiques et commerciales. Par ailleurs, plus grave encore, il hypothèque l’avenir de notre politique extérieure tant dans sa dimension interne par sa complexité administrative que dans sa dimension externe par la mise à jour de contradictions entre valeurs et intérêts. En dernière analyse, comment peut-on parvenir à conceptualiser l’inconceptualisable ? Cette sorte de passé recomposé n’est-elle pas le meilleur hommage du présent au passé ? Une sorte de mirage de la diplomatie économique.