L’incertitude sécuritaire transatlantique générée par l’administration Trump peut-elle produire un effet d’éviction entre l’Organisation du
Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) ? Pour certains analystes, il suffirait d’attendre patiemment que la tempête politique populiste soulevée par Donald Trump passe pour retourner aux affaires courantes. Ces jugements semblant diagnostiquer un relatif statu quo transatlantique à moyen terme sont-ils cependant aussi fondés qu’ils le paraissent ? La présidence Trump n’aurait-elle pas plutôt commencé à modifier très profondément les structures mêmes de l’Alliance, augurant des recompositions politiques et stratégiques bien plus importantes qu’on ne le croit généralement ? Cet article suggère que cela pourrait bien être le cas. D’une part, la position de Donald Trump à l’égard de l’OTAN, loin de constituer une anomalie, est en réalité partagée assez largement par les responsables de la sécurité nationale américaine, cela depuis fort longtemps. D’autre part, il se peut que l’orientation future de la relation transatlantique en matière stratégique dépende en réalité non plus exclusivement des adaptations conjoncturelles des Européens aux embardées d’une Amérique génératrice d’incertitudes géopolitiques, mais bien des recompositions géopolitiques structurelles à l’oeuvre au sein même de l’Union européenne post-Brexit. De ce point de vue et compte tenu des évolutions de la PSDC en cours à Berlin et Paris, il n’est pas certain que l’option du statu quo structurel soit forcément la plus probable pour l’OTAN dans le futur.