Cet article analyse la politique étrangère des Etats-Unis en Afrique subsaharienne depuis la fin de la Guerre froide et anticipe les perspectives avec l’administration Trump, en appliquant le cadre théorique du réalisme en relations internationales de Hans Morgenthau et Raymond Aron. Il analyse spécifiquement la stratégie de récupération politique mise en oeuvre pendant la Guerre froide, caractérisée par un enjeu idéologique, et la politique étrangère plus agressive de la période d’après-Guerre froide, qui évolue vers une militarisation de la présence américaine dans la région. Une militarisation qui reflète des intérêts politiques, économiques et sécuritaires croissants, plus spécifiquement l’émergence de nouveaux partenaires économiques de l’Afrique subsaharienne, une nouvelle compétition pour l’accès aux ressources naturelles, ainsi que la menace terroriste. Il apparaît qu’avec l’administration Trump, il faut anticiper une rupture dans la mise en oeuvre de certains éléments fondamentaux de la politique étrangère américaine, à savoir la promotion de la démocratie et des droits de l’homme, à la faveur d’une intensification de poursuites d’intérêts économiques de façon ad hoc, en dehors des cadres de coopération établis, et d’une militarisation encore plus intense, focalisée sur les régions du Sahel et de la corne de l’Afrique.