La France et l’Allemagne forment depuis les années 1950 le pivot central du processus de construction européenne. Cependant, sur les questions essentielles, liées à la défense et la sécurité ainsi qu’à la gouvernance économique et monétaire de l’Union européenne, les deux pays ont des intérêts divergents et défendent traditionnellement des points de vue différents. Le déphasage structurel qu’on observe entre Paris et Berlin dans ces deux domaines est largement à l’origine du manque de progrès de l’Union européenne (UE) sur le plan politique et économique. Souhaitant relancer la dynamique de l’UE par le biais de toute une série de discours tenus depuis son arrivée au pouvoir en 2017, Emmanuel Macron n’a pas trouvé en Allemagne les échos qu’il avait escomptés. Le manque d’enthousiasme manifesté par Berlin pour les propositions françaises s’explique certes par un contexte politique intérieur difficile en Allemagne. : la chancelière Merkel est sortie affaiblie des élections fédérales de septembre 2017 et subit la pression du parti populiste de droite, AfD. Depuis fin 2018, Emmanuel Macron rencontre par ailleurs des difficultés analogues en France. Dans ces conditions, il n’est donc pas sûr que le couple franco-allemand puisse de nouveau assumer un rôle de moteur dans une Union européenne fragilisée par le Brexit, une crise économique qui perdure dans le sud, le recul de l’Etat de droit à l’Est et la montée des partis populistes et eurosceptiques partout en Europe.