A l’heure où la défense des frontières est redevenue une préoccupation majeure des Etats, c’est paradoxalement la maîtrise des espaces « communs » qui constitue plus que jamais la clef ultime de la puissance et de la richesse. Espace historique de confrontation entre grandes nations, la haute mer retrouve en quelque sorte son rôle d’espace naturel pour l’expression de la puissance. Elle offre en effet de nombreux avantages, permettant en particulier l’obtention de gains en contrôlant le niveau de tensions ou de violence, sans apparemment risquer une escalade irréversible. L’essor actuel de la militarisation navale est la traduction tangible du retour des stratégies navales. Globale, cette arsenalisation des espaces maritimes concerne non seulement des acteurs historiques, mais aussi de nouveaux entrants, qui comptent ainsi faire entendre leur voix. Si elle semble trouver sa justification dans des motivations sécuritaires louables, elle constitue cependant une porte ouverte à des escalades dangereuses, dès lors que l’expression de cette puissance tourne à l’intimidation stratégique. Quels menaces et risques cette militarisation des mers fait-elle réellement peser ? Quelles sont les conséquences pour les puissances occidentales, en particulier la France ?