La décision de poursuivre le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) au-delà de son échéance en 2015 interpelle la société civile (SC) quant à son rôle et son utilité dans la nouvelle phase du Sommet et dans la continuité du Forum sur la gouvernance de l’Internet. Dix ans après Tunis (2005), une grande partie de la SC dresse un bilan décevant et démobilisateur du processus de suivi du SMSI. Le déroulement quasi rituel de ses Forums bannit toute analyse critique et dialectique de l’évolution de la « société de l’information ». Seule une nouvelle dynamique et un élargissement des débats à tous les acteurs réellement impliqués, dans la société en général, peuvent inciter la SC à continuer son engagement et à contribuer de manière décisive à l’élaboration des nouveaux objectifs à assigner au SMSI au-delà de 2015. Quant à la gouvernance de l’Internet, si la SC constate des progrès accomplis par les neuf Forums annuels, le NETMundial, tenu à Rio et à l’initiative du Brésil en avril 2014, suite à l’espionnage massif organisé par la National Security agency (NSA) et le gouvernement américain, a déçu une bonne part de la SC. Et la « récupération » de NETmundial par le Forum économique mondial (FEM) à travers son « Initiative NetMundial » (NMI), a abouti à un clivage de la société civile autour du concept de partenariat multi-acteurs (PMA), le modèle de gouvernance imposé par le SMSI. Une partie importante de la SC conteste désormais sérieusement ce modèle et refuse toute participation à l’Initiative NETMundial du FEM. Dès lors, le risque d’un schisme existe au sein de la SC, alors que la crise de confiance née des agissements illégaux de la NSA impose des mesures concrètes de protection de l’Internet pour assurer la liberté d’expression des droits des citoyens et le respect de leur vie privée.