Au cours des vingt dernières années, les robots militaires sont passés du stade de moyens relativement confidentiels destinés à des actions spécifiques à un statut d’équipements opérationnels, utiles à tous les niveaux hiérarchiques et dans un champ fonctionnel élargi. Il s’agit d’une tendance lourde, qui semble devoir se prolonger dans le temps. Ce développement des emplois, soutenu par des avancées technologiques significatives, s’est cependant accompagné, ces dernières années, de nombreuses critiques. Les principales portent sur l’articulation entre armement et autonomie des systèmes. La possibilité d’une machine décidant de la vie ou de la mort des hommes est ainsi pointée du doigt.
Cet article propose un cadre analytique permettant d’appréhender le développement des emplois militaires des robots, ainsi que les critiques et le répertoire d’actions employés par les acteurs qui s’y opposent. Dans un premier temps, la réflexion porte sur certains des facteurs socio- culturels et économiques qui favorisent l’adoption des systèmes robotisés par les armées et peuvent amener à penser que ce mouvement représente bien l’une des composantes d’une « révolution militaire ». Ensuite, elle se concentre sur les critiques développées par les « anti » et sur les techniques qu’ils emploient pour délégitimer le développement des plates-formes militaires. Ces stratégies sont replacées dans une continuité par rapport à celles qui furent utilisées lors d’autres campagnes de mobilisation contre des armements jugés inhumains.